Lors de mes réflexions pour la recherche du nom que j’allais donner à mon entreprise, j’ai exploré tout un réseau de pistes et j’ai épuisé toute ma créativité (qui n’atteint certes pas un haut niveau de compétition) : jouer avec mon nom ? Utiliser un mot évocateur ou un mot hors-sujet (mais « saucisson » ne me semblait pas une bonne idée) ? Un mot sérieux ou curieux ?
Un acronyme ?
Ok, mais on y met quoi, dans cet acronyme ? Comment synthétiser mon activité en quelques mots ? Alors j’ai dressé une liste, je l’ai raccourcie, modifiée, complétée, tournée et retournée… Je ne pouvais en effet pas composer « saucisson » avec ces mots.
Un véritable Scrabble de la communication.

Et puis il est apparu, par le plus grand hasard.

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Hérade.
A quelques lettres près d’ « Herrade ».
Et bien plus joli que « saucisson ».

Si « Hérade » s’est posé comme une évidence, c’est en résonance avec Herrade de Landsberg – ou de Hohenbourg – qu’ici, en Alsace, nous connaissons bien.

Des éléments de la vie d’Herrade sont inconnus – sa date et son lieu de naissance, notamment – mais on lit dans l’Encyclopédie d’Alsace, qu’Herrade de Landsberg a été « l’une des femmes-écrivains les plus remarquables de son temps ». Poétesse, savante, artiste, musicienne,… elle dirige le couvent du Mont-Sainte-Odile à la fin du XIIe siècle. Elle s’y emploie à des tâches purement administratives et politiques, mais aussi et surtout à une tâche hautement spirituelle : la rédaction de l’Hortus deliciarum – le Jardin des Délices, encyclopédie débutée avec sa prédécesseure, l’abbesse Relinde, destinée à faire l’instruction des sœurs du couvent. Dans un souci de pédagogie, Herrade utilise le latin, mais traduit certains mots en allemand afin de les rendre plus intelligibles pour ses élèves.

Il ne s’agit pas uniquement d’histoire religieuse : Herrade y aborde différents aspects de la vie quotidienne : l’agriculture, la guerre, les sciences et techniques, et même les étoiles filantes et les signes du zodiaque, et dresse finalement un portrait global d’une société qu’elle souhaite morale et sage, au-delà même des valeurs de l’Église.
Dans l’avant-propos de l’édition des planches parue en 1945 aux Editions Oberlin, l’Hortus est décrit comme « l’un des premiers [ouvrages] à être destiné à l’enseignement féminin ».

L’Hortus a été détruit lors de l’incendie de la bibliothèque de Strasbourg en 1870. Des reproductions de planches enluminées, faites au début du XIXe, ont heureusement subsisté et nous offrent une trace – lacunaire – de cette source importante pour l’histoire de l’art et celle de la vie quotidienne.

Figure de la pédagogie et de la sagesse, Herrade de Landsberg était une femme savante et érudite. Elle est aujourd’hui pour beaucoup une grande source d’inspiration, et ceci certainement pour une archiviste dont le métier est de compiler les connaissances pour les transmettre. Dans la préface de l’Hortus, quand Herrade se compare à une « petite abeille », l’archiviste acquiesce.
Mais ça, c’est une autre histoire…

Pour en savoir plus, quelques liens utiles :
– la numérisation des planches réalisées en 1818 par Christian Maurice Engelhardt disponible sur Numistral :
https://www.numistral.fr/ark:/12148/bpt6k9400936h/f13.item.r=moritz%20engelhardt.zoom

– l’article de la Bibliothèque alsatique du Crédit mutuel, qui conserve un exemplaire des reproductions faites en 1818 par Christian Moritz Engelhardt :
https://www.bacm.creditmutuel.fr/fr/hortus.html

– la notice bibliographique de l’abbesse Relinde, extraite du Nouveau Dictionnaire biographique d’Alsace :
https://www.alsace-histoire.org/netdba/relindis-rilinda/

 

Et pour en savoir vraiment plus :
– une analyse parue dans le premier tome de la Bibliothèque de l’Ecole des Chartes en 1840, avant donc la disparition de l’ouvrage :
Lenoble Alexandre. Notice sur le Hortus deliciarum, encyclopédie manuscrite composée au douzième siècle par Herrade de Landsberg, abbesse du monastère de Hohenbourg (Sainte-Odile) en Alsace, et conservée à la bibliothèque de Strasbourg.. In: Bibliothèque de l’école des chartes. 1840, tome 1. pp. 238-261;
doi : https://doi.org/10.3406/bec.1840.444248
https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1840_num_1_1_444248

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